Introduction
Un certain nombre de mouvements
religieux actuellement populaires en Amérique
du Nord doivent leur existence, pour partie ou en
totalité, à la tradition indienne
Radhasoami. Leur spectre s'étend de la connexion
immédiate, pour Eckankar et la Divine Light
Mission dont les fondateurs ont reçu l'initiation
de l'un des Satgurus, à des influences par
association, lorsque les sectes ont emprunté (et
dans certains cas, plagié)
les écrits et le lignage spirituel de
Radhasoami.
Tous ces nouveaux panths on pourtant un
élément commun: ils accordent une
importance significative au Shabd, le
pouvoir transcendant qu'ils considèrent comme la
force qui crée et soutient l'univers
(également connu sous le nom de "Flot de Vie
Audible" ou "Musique des
Sphères").
Bien qu'il y ait des groupes extérieurs à
la tradition Radhasoami qui parlent également du
"Son", et qui sont antérieurs et extérieurs
à cette tradition, tous les nouveaux groupes dont
il est ici question ont basé leurs connaissances
et leurs écrits sur leur propre
interprétation du Surat
Shabd Yoga, pratique consistant à unir
l'âme à l'énergie intérieure
du son.
Dans cet article, je vais
décrire la relation entre ces mouvements religieux
Américains et la tradition Radhasoami.
J'examinerai ensuite les raisons pour lesquelles ces
nouveaux panths ont une forte
tendance à nier leur héritage religieux
vivant.
Index
La Tradition Radhasoami en Inde
Ce qui distingue l'enseignement de Soamiji
Les Principaux Groupes
d'Amérique du Nord Affiliés à
Radhasoami
- Le Dr. Bhagat Singh
Thind
spirituel et activiste pour les droits des Indiens
- Paul Twitchell et Eckankar
Le plus controversé des nouveaux panths
- John-Roger Hinkins et le
M.S.I.A.
Ses enseignements sont pratiquement identiques
à ceux d'Eckankar
- La Divine Light Mission
Ses liens avec la tradition Radhasoami
- Walter Baptiste, le Dr. Ramamurti
Mishra, et Ray Stanford
Individus et groupes moins connus
Dissociation
Généalogique: Emergence et
Répression chez les Nouveaux Panths
Quelles sont les causes d'un tel déni de leur
héritage religieux?
Notes
La
Tradition Radhasoami en Inde
Le nom Radhasoami
est généralement utilisé pour
désigner les gourous et les gaddis (le
siège/la résidence d'un saint, vivant ou
décédé) dont le lignage spirituel
remonte à Shiv Dayal Singh (1818-1878), fondateur
proclamé du mouvement. Il a résidé
dans la ville d'Agra, située dans le district de
Uttar Pradesh en Inde. Ses disciples l'appelaient
"Soamiji Maharaj". Il est né
dans une famille de Nanak-panthis, et son
éducation religieuse a été
influencée par la poésie nirguna
bhakti telle celle de Kabir, Nanak, Paltu et surtout
Tulsi Sahib de Hathras.
Ce qui distingue les enseignementsde Soamiji (et par
conséquent ceux de la tradition Radhasoami) du
Vishnouisme, du Tantrisme, du Goraknathisme, du
Shivaisme, et des autres formes de piété
indienne, est essentiellement l'emphase qui est mise sur
les trois principes cardinaux:
1. Le Satguru, à la fois Seigneur Absolu (nirguna)
et humain vivant (saguna).
2. Le Shabd, qui comprend le varnatmak (parlé et
écrit), et le dhunyatmak (la mélodie
transcendante), expressions du Seigneur Suprême
(SatPurush).
3. Le Satsang, ou congrégation des fervents
dévots de la vérité.
A la mort de Soamiji, plusieurs disciples servirent de
gourous, ce qui provoqua la prolifération des
satsangs. Il y a aujourd'hui en Inde au moins trente
centres différents de Radhasoami, directement
connectés au lignage de Shiv Dayal Singh. Pour la
rédaction de cet article, nous nous limiterons aux
deux groupes les plus grands et plus influents, le
Radhasoami Satsang de Beas et le Ruhani Satsang. Car ce
sont ces deux sectes qui ont contribué au
développement de nombre de mouvements religieux
populaires Américains.
Le lignage du Ruhani Satang et de son parent, le
Radhasoami Satsang de Beas remonte à Shiv Dayal
Singh, en passant par Jaimal Singh, seul successeur Sikh
de Soamiji. Celui-ci s'était installé sur
les bords de la rivière Beas, dans la
communauté agricole du Punjab maintenant
prospère. Après le décès de
Jaimal Singh en 1903, Sawan Singh (1858-1948), son
successeur et principal disciple, fonda une colonie
spirituelle en l'honneur de son gourou. C'est Sawan
Singh qui fut au centre des forces principales qui
propagèrent en Amérique du Nord les panths
liés au Shabd Yoga. Son impact est directement
visible dans l'enseignement et les écrits de la
Divine Light Mission, de la Mishra's Yoga Society, des
groupes métaphysiques du Dr. Bhagat Singh Thind,
et du Movement for Spiritual Inner Awareness (M.S.I.A. -
"Mouvement pour l'Eveil Spirituel Intérieur").
Bien que Charan Singh, son
petit-fils, succéda (via Jagat Singh) à
Sawan Sing après sa mort, un certain nombre de ses
disciples fondèrent leur propres mouvements.
Un des plus éminents fut Kirpal Singh, qui
établit le Ruhani Satsang à Gur Mandi, dans
le Old Delhi. L'influence de Kirpal Singh sur les groupes
de Shabd Yoga populaires en Amérique du Nord est
secondaire en regard de celle de Sawan Singh. Walter
Baptiste et Paul Twitchell (fondateur - aujourd'hui
décédé - de Eckankar) furent
disciples du de Delhi, et ont incorporé son
enseignement dans leurs organisations respectives.
Les
principaux groupes d'Amérique du Nord
affiliés à Radhasoami
Dans cette première partie, nous allons
examiner certains des principaux panths
d'Amérique, affiliés d'une manière
ou d'une autre avec la tradition Radhasoami en Inde, sous
l'égide de Sawan Singh ou de Kirpal Singh.
Le Dr. Bhagat
Singh Thind
Au début du vingtième
siècle, beaucoup de Sikhs émigrèrent
aux USA, après être passés par le
Canada. Un des plus éminent fut le Dr. Bhagat
Singh Thind, qui était à la fois un
spirituel, et un activiste pour la défense des
droits des Indiens. Il fut impliqué dans le fameux
procès de 1923 "Les Etats-Unis contre Bhagat Singh
Thind," où il essaya d'échapper aux
restrictions raciales en invoquant le fait que les
Indiens sont des Caucasiens.
Durant les années 20 et 30, Thind écrivit
un certain nombre de livres et entreprit des actions en
justice dans tout le pays pour des raisons
métaphysiques. A cette époque, Thind
clamait, tout comme il le fit avant sa mort à la
fin des années 60, que son inspiration spirituelle
venait de la religion Sikh. Selon Kirpal Singh, Thind
avait en réalité été
initié par Sawan Singh du Radhasoami Satsang de
Beas, et tirait son enseignement de lui sans le citer
comme il aurait dû. Au lieu d'utiliser les
doctrines Sikh, Thind empruntait prétendument les
préceptes Radhasoami, en cachant ainsi sa
véritable source religieuse.
Commentaires de Kirpal Singh:
Lorsque j'ai été aux USA, il y avait un
monsieur d'origine Sikh, maintenant
décédé, qui donnait des discours sur
l'acquittement de la dette. Il s'appelait Dr. Bhagat
Singh Thind. Il était marié à une
française. Il avait été
initié par Baba Sawan Singh, j'en suis certain.
Après avoir écrit son premier livre,
Radiant Road (Voie Radieuse) (Thind avait
écrit plusieurs livres avant
1939), il en envoya un exemplaire à Baba Sawan
Singh. Ce dernier me le donna. C'était une copie
de ce que j'avais écrit. Je souhaitais le
rencontrer, mais il me fuyait toujours. Je suis
resté des mois aux USA. Je lui ai demandé
son emploi du temps, mais il le changeait sans cesse.
Nous ne nous sommes jamais rencontrés. Il disait
qu'il n'avait jamais rencontré Baba Sawan Singh,
et qu'il ignorait que Radiant Road, son livre,
était la traduction exacte d'une partie
d'un livre que j'avais écrit.
Thind avait été accusé d'avoir
plagié son livre Radiant Road to Reality (1939)
(Voie Radieuse vers la Réalité), non
pas parce qu'il utilisait des concepts similaires
à ceux de Radhasoami, mais surtout à cause
du style et de la forme qu'il utilisait pour convoyer son
message. La confusion sur le titre du
livre qu'il avait réellement plagié (Sar
Bachan Radhasoami , Gurmat Sidhant, ou With A Great
Master in India ) ne faisait qu'escamoter la
véritable question: pourquoi le Dr. Bhagat Singh
Thind employait-il pratiquement toutes les doctrines
parmathi spécifiques de Radhasoami, tout en niant
leurs origines et ses liens contestés avec le
satsang ? Il s'agit d'une question que nous
étudierons en détail dans la dernière
partie de cet article. Car la négation des
origines, comme nous le verrons, est un
phénomène courant, surtout pour certains
neo-gourous et certains mouvements.
Paul Twitchell
et
Eckankar
Le plus controversé des nouveaux panths
associés avec Radhasoami et le Ruhani Satsang est
sans doute Eckankar.
Sous la direction de Harold Klemp (l'actuel "Maître
Eck Vivant") et de Darwin Gross (le
précédent), le groupe n'admet pas
aujourd'hui que son fondateur Paul Twitchell (1908-1971)
ait été initié par Kirpal Singh en
1955. La documentation qui en fournit la preuve est
pourtant accablante. Ils affirment, comme le fit
Twitchell à partir de 1966, que leur fondateur a
été initié par Sudar Singh
d'Allahabad et par Rebazar Tarzs, un moine
Tibétain soi-disant âgé de plus de
cinq cents ans. Bien que ces affirmations soient
invérifiables (par manque de preuves
matérielles), le livre "Eckankar: A Hard Look At A
New Religion" (1979) et le SCP Journal prouvent sans le
moindre doute que Paul Twitchell a bien été
un disciple de Kirpal Singh, de Swami Premananda et de L.
Ron Hubbard.
Sudar Singh et Rebazar Tarzs, bien qu'ils "existent"
jusqu'à un certain point pour couvrir les noms de
vrais gourous, sont en réalité des
personnages mythologiques typiques de la biographie
originale et imaginaire de Twitchell. Afin de fabriquer
un "nouveau" mouvement, Paul Twitchell a tenté de
cacher ses liens passés avec Kirpal Singh (alors
qu'il continuait à utiliser la
source de ses livres et de ceux du Dr. Julian P.
Johnson), en essayant de créer une
mythologie pour faire de lui et son groupe, Eckankar,
le pivot d'une révélation spirituelle
unique et supérieure.
Le mouvement a aujourd'hui entre trente et cinquante
mille membres actifs. La plupart des "Eckistes", ainsi
qu'ils s'appellent, n'ont jamais entendu parler de Kirpal
Singh, du Ruhani Satsang, du Radhasoami de Beas ou du Dr.
Julian P. Johnson. D'après les documents
publiés par le groupe, on enseigne aux membres
qu'Eckankar est la source de toutes les religions. Bien
que le début de leur mouvement ne remonte
qu'à 1965, les Maîtres Vivants du mouvement
ont enseigné que Sant Mat, Radhasoami, le Shabd
Yoga, et les autres formes de discipline spirituelle
indiennes basées sur le "Flot du Son", sont des
résurgences de l'éternelle voie d'Eckankar.
L'histoire cachée de la vie et de l'uvre de
Paul Twitchell est maintenant devenue plus
accessible aux lecteurs, ce qui mènera
inévitablement à une confrontation entre ce
que l'on "croit être vrai", et ce qui est
"réellement vrai".
John-Roger Hinkins et le
M.S.I.A.
En 1968, John-Roger Hinkins, Mormon et ancien professeur
d'école, a commencé son ministère
spirituel. Il était lié à Paul
Twitchell et Eckankar, puisqu'il avait été
un membre correspondant de ce mouvement, et
d'après les archives d'Eckankar, un
deuxième initié.
A l'occasion de plusieurs longues interviews
personnelles de John Roger dans sa maison de
Mandeville Canyon, j'ai appris qu'il ne
considérait pas sa relation avec Paul Twitchell
comme une relation de à disciple, ni comme une
relation de professeur à élève.
Quoi qu'il en soit, le fait est que son groupe et ses
enseignements sont pratiquement identiques
à ceux d'Eckankar, y compris même les
nuances particulières à Twitchell. Il faut
également noter que la structure organisationnelle
du M.S.I.A. est pratiquement parallèle
à celle d'Eckankar en ce qui concerne
l'initiation, les discours, et la cosmologie.
Pour les membres du M.S.I.A., John-Roger est
considéré comme la manifestation physique
de la Conscience du Voyageur Mystique (un concept assez
semblable à celui du Satguru de la tradition
Radhasoami et du Mahanta d'Eckankar).
Selon Roger, l'enveloppe de la Conscience du Voyageur
Mystique lui a été passée vers
l'année 1963. A cette période,
Roger affirme avoir rencontré
Sawan Singh, le maître passé du Radhasoami
Satsang de Beas. "J.R.", ainsi qu'on l'appelle
familièrement, dit que le Grand Maître de
Beas était le porteur précédent de
la Conscience du Voyageur Mystique, et qu'il lui a
passé les "clefs du Royaume" et de l'accès
aux plans spirituels.
A cette époque, "J.R." n'a pourtant pas reconnu
l'être lumineux qu'était Sawan Singh. Ce
n'est que plus tard qu'il vit une photographie du gourou
et qu'il mit cette image du Grand avec celle de
l'entité puissante qu'il rencontra dans la
méditation.
Le groupe de John-Roger a
considérablement grandi durant les dix
dernières années, et il a maintenant des
centres dans tous les Etats-Unis, et nombre de pays sur
la planète. Le M.S.I.A. publie son propre journal,
"The Movement" (Le Mouvement), et il gère
de nombreuses organisations-soeurs, dont la plus visible
est l'Insight Transformational
Seminars (Séminaires de Transformation
Insight).
La Divine Light Mission
Parmi tous les mouvements dont il est ici question, la
Divine Light Mission est celui dont le moins de personnes
connaissent les liens avec la tradition
Radhasoami.
Comme le note Juergensmeyer:
Il est rapporté que la "Divine Light Mission" de
l'enfant-gourou Shri Sant Ji Maharaj, dérive des
enseignements Radhasoami et de la communauté
Radhasoami. Selon certains témoignages, le
père de l'actuel enfant-gourou a été
disciple d'une des branches de Radhasoami, mais il s'en
est séparé pour créer son propre
groupe.
Avec l'émergence de Balyogeshwar (alias Guru
Maharaji), la mission est apparue au public en Inde et en
Amérique du Nord. En attirant des milliers de
dévots, ce mouvement a eu son impact maximum au
début des années 70. La croissance initiale
a diminué depuis cette date, et ce groupe jouit
actuellement d'une stabilité relative, sans afflux
significatif de nouveaux membres, et sans exode
substantiel.
Le parallèle le plus frappant
entre la Divine Light Mission et la tradition Radhasoami
concerne l'enseignement du "Verbe Divin", la
mélodie spirituelle intérieure. Les deux
groupes emploient des techniques de méditation
pour focaliser l'attention des initiés sur le
courant de la "lumière et du son", avec la
croyance que celui-ci libère l'âme du corps
matériel. Les deux groupes ont des enseignements
similaires sur la nature du "Verbe Divin", mais il
diffèrent sur la façon exacte d'approcher
la Demeure Suprême.
Walter Baptiste, le Dr. Ramamurti
Mishra, et Ray Stanford
Il y a un certain nombre d'individus et de mouvements
moins connus qui ont été liés
à Radhasoami. Walter Baptiste,
par exemple, a été initié par Kirpal
Singh au milieu des années 50. Il a maintenant un
centre de yoga et un restaurant végétarien
à San Francisco, où sa femme donne des
cours de Hatha Yoga. Baptiste donne des cours spirituels,
et il donne une initiation avec les cinq saints noms
(panch nam) que tous les satsangs de
Radhasoami liés à Jaimal Singh (y compris
le Ruhani Satsang de Kirpal Singh) ont donné comme
mantra de méditation.
D'autres personnes ont été
influencées par Radhasoami de façon moins
importante. Le Dr. Ramamurti Mishra,
célèbre professeur de yoga, a
été initié à la fois par
Sawan Singh et par Baba Somanath. Mais il ne faut pas
surestimer leur impact, car Mishra a adopté de
nombreux gourous. Il enseigne néanmoins le
Nada-yoga (union de l'âme avec le son
intérieur/primordial), et il insiste beaucoup sur
les enseignements de Radhasoami.
Il existe aujourd'hui une multitude d'organisations qui
révèlent une compatibilité frappante
avec les enseignements Radhasoami, en ce qui concerne le
"Flot du Son". Bien que ces mouvements n'ont parfois
aucun lien direct avec Radhasoami, ils
ont emprunté en diverses
circonstances des pratiques ou des croyances
de Radhasoami. Dans cette catégorie figurent: AUM
(Association for the Understanding of Man -
Association pour la Compréhension de
l'Homme), dont le fondateur, Ray Stanford, a
été initié par Charan Singh du
Radhasoami Satsang de Beas; Morningland, qui semble avoir
été influencé par certaines des
doctrines distinctives d'Eckankar; et
Jerry Mulvin, ancien joueur de quilles professionnel et
longtemps disciple de Eckankar, qui affirme maintenant
être un illuminé et compétent pour
"connecter" ses disciples au flot du son (pour cent
dollars, pas moins !).
Dissociation
Généalogique:
Emergence et Répression chez les Nouveaux
Panths
Une question importante apparaît à la vue de
la tendance étonnante qu'ont beaucoup de nouveaux
panths et leurs fondateurs à nier leur
héritage religieux - un reniement sous forme
d'effacement de noms, de plagiat, et de dissimulation.
Pourquoi ?
Bien que les réponses puissent être
nombreuses (comme le scepticisme de SCP à propos
du fondateur passé d'Eckankar: "Twitchell
était un homme à la vision étroite,
et il préférait ses propres fabrications
à la vérité"), il devient assez
apparent en y regardant de plus près qu'il y a une
raison fondamentale. Pour être simple, les nouveaux
panths ne sont pas tellement soucieux de supprimer leurs
racines historiques, mais ils sont excessivement
préoccupés d'être distingués
comme un nouveau mouvement. C'est surtout à cause
de cette emphase sur l'établissement d'une
entité séparée que le groupe et son
fondateur se déconnectent du passé dont ils
résultent, au lieu de l'intégrer. Cette
disjonction, dont les fondements se trouvent dans la
psychologie du développement, je l'ai
baptisée "dissociation
généalogique".
Ken
Wilber, dans ses livres "The Atman
Project" et "Up From Eden", considère cette
prédisposition à la désunion comme
un problème psychologique sous-jacent au cours du
développement de l'homme, sur
le plan individuel et sur le plan social. Lorsqu'il tente
de se différencier d'un certain état de
conscience, ou d'un certain stade de son
développement par exemple, l'homme a deux options:
soit il intègre l'ordre précédent,
lorsque se produit l'émergence, soit il le
réprime. S'il y a intégration, cette
étape précédente reste consciente et
malléable; si elle est aliénée ou
déconnectée, elle devient inconsciente et
menaçante. En terme de dualité
esprit/corps, Wilber l'explique ainsi:
La dissociation esprit/corps est le résultat
naturel de la terreur croissante qui a
émergé avec la phase mental-ego, vers 600
avant J.C. A mesure que l'esprit commençait
à émerger clairement pour la
première fois dans l'histoire, l'ego, en fuite
devant la mort, a simplement aliéné,
dissocié ou réprimé le corps. Et
c'est pour une raison simple: le mental-ego est
composé d'idées, et les idées
semblent permanentes, immuables et fixées, alors
que le corps, fait de chair mortelle, va bien sûr
mourir. Tous les véritables arbres grandissent,
par exemple, ils vivent puis ils meurent - mais le mot
"arbre", le symbole "arbre" restent identiques. Si les
idées semblent fixes et immuables, alors que le
corps est fait de chair mortelle, et que vous fuyez
devant la mort, avec lequel des deux allez-vous vous
identifier ? Avec l'esprit bien sûr. Vous vous
identifiez aux mots, aux symboles, aux concepts - l'ego -
et vous niez, vous aliénez, vous réprimez
le corps mortel. Les idées deviennent le nouveau
projet d'immortalité, et le corps devient la
nouvelle menace, le nouvel ennemi.
Si l'on applique la théorie de l'élucidation
de Wilber au développement des nouveaux panths
(spécifiquement Eckankar), on peut voir que c'est
la "peur" de perdre cette émergence - ce pas en
avant - qui incite à supprimer ou à tenter
d'annihiler l'ordre inférieur où la
différenciation s'est produite. Dans notre cas, la
dissociation généalogique
historico-religieuse. Chez beaucoup des nouveaux panths
(comme chez Paul Twitchell qui nie ses
liens avec Kirpal Singh et le Ruhani Satsang), cette
dissociation ne surgit pas tant de l'ignorance, que de
l'espoir de se séparer, de se distinguer et de
créer une tradition durable et autonome.
Mais comme le démontrent les théories de
Freud et de Jung à propos de la maturation de la
personnalité, le moi inconscient, ou l'ombre du
moi, ne peut être ignoré parce qu'il fait
partie de l'organisme lui-même. Il faut tout
simplement le gérer.
Dans le domaine religieux, on peut constater la tentative
d' "intégration" qui a eu lieu aux premiers temps
du Christianisme, surtout par l'influence de St Paul.
Pour le compte de l'Eglise nouvellement apparue, un
effort fut entrepris pour inclure (et
non oblitérer) certaines
parties de la religion et de la culture Judaïque. Il
en est de même pour Radhasoami (plus
particulièrement pour la branche de Beas au
Penjab, et pour la Sawan-Kirpal Mission) vis-à-vis
de Sant mat. Au sein de Radhasoami et de Ruhani Satsang,
il y a un lien reconnu et un souvenir fier de leur
ascendance chez les
poètes-Sants-bhakti de la tradition nirguna du
moyen-âge. Mais dans le contexte de certains des
nouveaux panths, il y a un effort de dislocation, de
dissociation, et même de destruction de leurs
antécédents. Au lieu d'admettre leur
véritable héritage spirituel, il y a un
déni, même face à des preuves
incroyablement contradictoires.
Pour illustrer ceci, prenons par exemple le cas de Paul
Twitchell et Eckankar. Lorsque le groupe a
débuté, Twitchell ne niait pas
complètement le lien avec son gourou Kirpal Singh.
En réalité, dans de nombreux articles,
Twitchell ne tarissait pas d'éloge pour le
Maître du Ruhani Satsang. Mais à partir de
1966, on constate une accélération
du processus de dissimulation. Qu'est-ce qui a
déclenché ce changement
d'allégeance. La réponse est
peut-être plus simple que ce qu'on pourrait
attendre: la popularité grandissante d'Eckankar.
Lorsque Twitchell commença à saisir
l'importance de son nouveau mouvement religieux - le fait
qu'il avait la possibilité d'attirer des milliers
d'adeptes - il décida de renverser tout ce qui
pourrait freiner la progression d'Eckankar et sa
popularité potentielle au sein des masses. Il
voulait que son groupe se définisse de
lui-même, et qu'il définisse son cours futur
comme une tradition spirituelle viable. Et la menace la
plus sérieuse visant son autonomie si
désirée, dans le cadre du projet de
Twitchell en tout cas, c'était son passé.
Twitchell inventa donc une nouvelle mythologie, qui
entrelaçait les faits, la fiction, une
légende, et son imagination, dans un complexe
confus qui n'exhibait qu'un seul thème
conséquent: le Héros incarné par le
Maître Eck Vivant (c'est à dire Paul
Twitchell).
Le problème gênant dans cette histoire,
c'est que la tentative faite par Eckankar pour se
créer une neo-mythologie n'est pas fondée
sur une tradition historique antérieure, mais sur
les impulsions créatrices de son propre fondateur.
Et ces impulsions varient du plagiat de chapitres
entiers de textes (protégés par
copyright) du Radhasoami Satsang de Beas, aux mensonges
sur des détails biographiques, et au début
d'une vaste dissimulation sur les
origines des doctrines d'Eckankar.
Ce n'est pas seulement une répression du
passé qui a poussé Paul Twitchell à
nier ses racines spirituelles, mais plutôt son
inquiétude particulière pour le futur:
assurer la croissance de son nouveau
mouvement.
C'est ce souci obsessionnel de
Twitchell qui a l'a emporté sur
l'authenticité vis-à-vis de son
véritable passé, son véritable
héritage, au lieu de l'intégrer, donnant
ainsi naissance au groupe Eckankar.
Bien que ce modus operandi d' "émergence par
répression" soit vieux comme le monde et qu'il
contribue à l'évolution des
religions, dans le cas de certains des nouveaux
panths (et particulièrement Eckankar), il reste
une tentative essentiellement immature et
désunificatrice pour l'obtension d'une
véritable autonomie.
NOTES
1. Paul Twitchell et le Dr. Bhagat
Singh Thind sont deux exemples significatifs de
maîtres spirituels qui ont plagié les textes
Radhasoami. Voir le paragraphe consacré à
ce sujet.
2. L'essentiel de cette recherche est
basé sur mes huit voyages dans le Nord de l'Inde.
D'abord pendant l'été 1978 avec le
Professeur Mark Juergensmeyer de l'University de
California à Berkeley, et plus récemment en
Janvier 1990 où j'ai pris connaissance de la vaste
correspondance entre Twitchell et Kirpal Singh. Cf le
paragraphe consacré à ce sujet.
3. J'ai utilisé le mot
panth (lit. "voie, chemin, cours") pour son sens
et son usage neutres et non dérogatoires, à
l'inverse du mot "culte" ou "secte" qui sont devenus des
mots-repoussoirs galvaudés par les
médias.
4. Le sens du mot 'Shabd' varie selon son
contexte. Dans la terminologie Radhasoami, Shabd est
l'éternelle 'force et vitalité qui
imprègne tout l'univers; il est l'origine et le
soutien de la création toute entière."
D'après le Glossary of Radhasoami Faith -
Glossaire de la Foi Radhasoami - (Agra: Sant Das
Maheshwari, 1967), page 227, pour le mot Shabd.
5. Il faut noter que le terme "Flot
de Vie Audible" n'est devenu populaire qu'après la
publication du livre The Path of the Masters - Le
Chemin des Maîtres - (1939), de Julian P.
Johnson. Ce livre a été plagié d'une
manière extensive.
6. Le Surat Shabd Yoga (lit.,
'l'union de l'âme - de la conscience - avec le son
spirituel intérieur') est une discipline ancienne
dont le but est de permettre à l'âme (la
conscience) de s'élever au-delà du corps,
pour atteindre les régions spirituelles
intérieures, au moyen du son intérieur - ou
flot de vie. Il semble que le Shabd Yoga ait sa source
à la période indienne
pré-védique. Cette pratique yogique ne
s'est manifestée clairement, et n'est bien connue
que depuis 5 siècles. Les ouvrages majeurs qui la
décrivent ou qui l'illustrent comprennent: la
Hathayoga Pradipika, la Nadabindu Upanishad , et les
écrits des poètes nirguna bhakti de la
tradition Sant, comme l'Anurag Sagar (attribué
à Kabir, mais datant plus vraisemblablement d'une
époque postérieure) et le Ghat Ramayana de
Tulsi Sahib. Les traités les plus clairs et les
plus détaillés sur la pratique du Surat
Shabd Yoga viennent du Sar Bachan de Shiv Dayal Singh
(comprenant des volumes de prose et des volumes de vers),
l'écriture principale du mouvement Radhasoami.
7. Il s'agit du premier article de ce
type, examinant les liens étroits entre la
tradition Radhasoami et les mouvements religieux
populaires aux USA, comme la Divine Light Mission,
Eckankar, M.S.I.A., et le groupe du Dr. Bhagat Singh
Thind. Les savants qui sont les pionniers dans ce domaine
d'investigation sont le Professeur Mark Juergensmeyer et
le Dr. J. Gordon Melton.
8. J'ai écrit le mot
'Radhasoami' (avec un 'o' et non le 'w' de la
translitération normale) par
déférence pour le Soami Bagh Satsang d'Agra
qui considère comme un affront de ne pas lier les
mots Radha et 'Soami' (abandonnant ainsi la majuscule du
second mot). Le Satsang de Beas et les autres branches
l'écrivent de diverses manières, et n'y
accordent pas d'importance particulière. Dans la
plupart des cas, j'ai suivi le mode d'écriture de
Soami Bagh, surtout à cause de l'importance qu'ils
y accordent. A propos de cette petite, mais
intéressante controverse, voir S.D. Maheshwari's
Correspondence with Certain Americans (Agra: Soami Bagh),
Volumes One through Five; et Lekh Raj Puri's Radha Swami
Teachings (New Delhi: Pvt. published, n.d., 1967?).
9. Ibid. J'orthographie à
nouveau ainsi, par déférence pour le Soami
Bagh Satsang d'Agra.
10. Il y a une controverse entre les
satsangs de Beas et d'Agra sur le fait que Tulsi Sahib
ait été ou pas le gourou de Shiv Dayal
Singh. Le satsang de Beas (et ceux qui lui sont
affiliés, y compris Tarn Taran et Ruhani Satsang)
prétendent que Shiv Dayal Singh a bien
été initié dans sa jeunesse par
Tulsi Sahib de Hathras. Les satsangs d'Agra (qui
comprennent Peepal Mandi, Soami Bagh, et Dayal Bagh)
nient tout lien entre les maîtres estimés,
affirmant au contraire qu'ils étaient tous deux
swateh Sants (nés parfaits), et qu'ils n'ont donc
eu besoin de l'aide d'aucun gourou.
11. Réfer. à P.D.
Barthwal's The Nirguna School of Hindi Poetry: An
Exposition of Medieval Indian Santa Mysticism (Benares:
Indian Book Shop, 1936) et Dr. Mohan Singh's Goraknath
and Medieval Mysticism (Lahore: 1937).
12. Cette colonie s'appelle Dera
Baba Jaimal Singh. Elle est l'une des plus grandes
communautés spirituelles en Inde.
13. A sa mort, le 1er
juin 1990, Charan Singh était le gourou de
Radhasoami ayant le plus grand nombre de disciples. Il
avait initié plus 1.200.000 personnes durant ses
31 ans de règne en tant que Sant Satguru.
14. Mark Juergensmeyer, "The Ghadar
Syndrome," Sikh Studies: Comparative Perspectives on a
Changing Tradition (Berkeley: Graduate Theological Union,
1979), page 182.
15. Parenthèse personnelle;
Thind a écrit plusieurs livres avant 1939, dont
"House of Happiness" (Salt Lake: Pvt. publication) en
1931.
16. Kirpal Singh, "Heart to Heart
Talks", Volume 1 (Delhi: Ruhani Satsang, 1975).
17. Bien que Kirpal Singh dise que le
Dr Thind a plagié le Gurmat Sidhant (publié
à l'origine en Punjabi, avec le nom de Sawan Singh
pour auteur), la plupart des 'emprunts'
littéraires de Thind viennent du livre 3With a
Great Master in India" (1934) de Julian P. Johnson.
18. En 1977, j'ai parlé avec Mme
Thind de la relation entre son mari et Sawan Singh du
Radhasoami Satsang de Beas. Mme Thind avait
été informée par son mari qu'il ne
connaissait pas Sawan Singh. Il affirmait par contre
avoir été initié par un prêtre
Himalyen, et qu'il avait été disciple de
Guru Nanak lors d'une incarnation
précédente. Bien que Mme Thind avait
personnellement rencontré Kirpal Singh, et qu'elle
avait connaissance de la connexion supposée entre
son mari et le Radhasoami Satsang de Beas, le Dr. Thind
ne lui avait jamais parlé d'une telle
relation.
19. Le terme de "conscience Mahanta",
utilisé dans la terminologie Eckankar, signifie le
Maître Divin intérieur. Son usage est
très similaire à celui de "Forme
Rayonnante" utilisé dans les enseignements
Radhasoami.
20. Voir ce qui concerne le plagiat.
21. Voir cinquième partie.
22. Des centaines de disciples ont
quitté Eckankar à cause des
découvertes exposées dans les
éditions précédentes de The Making
of a Spiritual Movement and SCP Journal's "Eckankar: A
Hard Look at a New Religion." En fait, plusieurs
vidéos ont été diffusées par
le quartier général d'Eckankar (à
Menlo Park, Californie) dans tous les pays, pour avertir
ses membres des "contre-vérités"
accusatrices émises par des chercheurs "qui n'ont
pas fait leurs devoirs". Voir la préface.
23. Interview personnelle de John-Roger
Hinkins chez lui à Mandeville Canyon (1978).
24. La cosmologie de Roger est
exactement identique à celle de Paul Twitchell. Ce
qui est peu commun étant donné les
additions dues à la créativité
propre à Twitchell. Comparez les schémas
suivants:
Cosmologie Eckankar (telle qu'elle est décrite
dans "The Spiritual Notebook" de Paul Twitchell,
1971):
1. Physique/Tonnerre 2. Astral/Grondement de la Mer 3.
Causal/Tintement de Cloches 4. Mental/Eau Courante 5.
Ame/Note Unique de Flûte 6. Alakh Lok/Vent Fort 7.
Alaya Lok/Bourdonnement Profond 8. Hukikat Lok/Mille
Violons 9. Agam Lok/ Musique du Vent dans la Forêt
10. Anami Lok/Son du Tourbillon.
Cosmologie M.S.I.A. (telle qu'elle est décrite
dans "The Sound Current" de John-Roger, 1976):
1. Physique/Tonnerre 2. Astral/Grondement du Ressac 3.
Causal/Tintement de Cloches 4. Mental/Eau Courante 5.
Ame/Son de Flûte 6. {Les Régions au
delà de l'esprit ne sont pas nommées dans
le livre - seulement les sons} Son du Vent 7.
Bourdonnement 8. Dix Mille Violons 9. Vent dans la
Forêt.
Les cosmologies précédentes sont
pratiquement identiques. Twitchell a formulé son
propre schéma de structure de l'univers, en
donnant un son particulier à chaque niveau. Et ces
deux cosmologies présentent une rupture radicale
avec la version ésotérique Radhasoami.
25. J'ai fait personnellement cette
remarque à John-Roger (en 1978, op. cit.) qui m'a
dit porter un grand amour à Twitchell et à
son uvre. Roger a même dit qu'il engrangeait
les idées (et schémas organisationnels)
d'autres maîtres spirituels et traditions, tout en
restant fidèle à sa direction personnelle
et à sa propre compréhension. John-Roger a
été au centre d'un grand scandale pendant
les dix dernières années. Voir "The J.R.
Controversy and The Criminal Activities of John-Roger
Hinkins - La Controverse J.R. et les Activités
Criminelles de John-Roger Hinkins - (UCSM, Volume
One, Number One and Volume Two, Number Two) pour
davantage de détails sur les escapades
infâmes de J.R.
26. Interview personnelle de John-Roger
Hinkins à son domicile, durant l'été
1979.
27. Idem.
28. Dans sa structure, le
Séminaire Insight est très similaire
à EST, le groupe populaire de séminaires
fondé par Werner Erhard.
29. Mark Juergensmeyer, "Radhasoami as a
Trans-National Movement" (Radhasoami, un Mouvement
Trans-National); non publié. Pour confirmer
l'affirmation de Juergensmeyer selon laquelle le
père de Guru Maharaji a été
lié à l'une des sectes Radhasoami, j'ai
personnellement été informé au Sawan
Ashram - Old Delhi, Inde - en juillet 1978, par Bhagwan
Gyaniji (qui fut disciple de Sawan Singh et
secrétaire personnel de Kirpal Singh), que le
père de Balyogeshwar a bien été
initié par Sawan Singh du Radhasoami Satsang de
Beas, et qu'il s'en est séparé plus tard
pour créer son propre mouvement. Il semble aussi
que le père de Balyogeshwar ait été
disciple de Sarupanand, un autre guru de Sant Mat, qui
travaillait dans la tradition Sri Paramhans Advait Mat,
un lignage de surat shabd yoga apparemment
connecté à Shiv Dayal Singh qui fonda ce
dernier à la fin du 19ème
siècle. Ce groupe est maintenant basé
à Guna.
30. Idem.
31. Interview
téléphonique de Harold Ross, disciple
personnel de Walter Baptiste (1978), et ancien disciple
de Radhasoami Beas, de Soami Bagh, et de Eckankar.
32. Ce même mantra des "Cinq Saints
Noms" est aussi donné par John-Roger Hinkins du
M.S.I.A., bien que ce soit sous une forme
altérée.
33. Lettre personnelle du Dr. Ramamurti
Mishra à l'auteur, datée du 30 octobre
1980.
34. Ramana Maharishi en est un exemple
classique.
35. Voir la paragraphe concernant le
plagiat .
36. Bien que beaucoup du vocabulaire
de Radhasoami provienne des écoles de yoga
tantrique, elle a aussi un vocabulaire distinct. Des
termes tels que "Ringing Radiance" - Rayonnement
Annulaire - et "Audible Life Stream" - Flot de Vie
Audible - sont devenus d'un usage courant à
cause de leur apparition fréquente dans les
publications Radhasoami de Beas.
37. Woodrow Nichols, "Eckankar: The
Ancient Science of Deception" (incorporé par la
suite dans le SCP Journal--Eckankar: A Hard Look at a New
Religion (Berkeley, 1979).
38. Le terme de "dissociation
généalogique" est utile, car il illustre
clairement ce qui s'est produit dans l'évolution
d'Eckankar, entre la fin des années 60 et le
début des années 70. Twitchell a
tenté de rompre avec son passé, non
seulement en niant son véritable héritage
religieux, mais aussi en implantant une nouvelle
généalogie spirituelle -- qui remonterait
soi-disant au Maître Gakko, qui aurait
apporté le véritable enseignement
d'Eckankar de la planète Venus.
39. Je n'utilise pas la psychologie du
développement pour 'réduire' les motifs de
Twitchell à un paradigme Freudien ou Jungien, mais
plutôt pour établir un fondement consensuel
sur lequel les nouveaux mouvements religieux ne sont pas
simplement relégués, d'une manière
académique, au poste éloigné de
"l'aberration sociale".
Bien au contraire, comme la plupart des groupes religieux
traditionnels, ces nouveaux mouvements
représentent les pulsions et les émotions
humaines de base. Si la phylogénie
récapitule l'ontogénie par certains aspects
(ou vice-versa; cf "Broca's Brain" de Carl Sagan, 1979),
des groupes tels qu'Eckankar peuvent alors être
mieux appréhendés à la
lumière de la psychologie de l'homme. Ceci, bien
sûr, ne doit pas être seulement une tentative
pour réduire la religion à ses racines
neurologiques, mais plutôt un moyen partiel pour
parvenir à une meilleure compréhension.
Voir "Up From Eden" de Ken Wilber, (New York: Doubleday,
1981), pour en savoir plus sur cette perspective.
40. Ken Wilber, op. cit.
41. Bien que dans le cas de Twitchell,
l'ignorance joue un rôle certain. Le fondateur
d'Eckankar avait la mémoire courte, et souvent
imprécise.
Alors qu'on le questionnait une fois à propos de
Rebazar Tarzs, son gourou personnel, Twitchell avait
oublié qui il était. C'était
peut-être dû au fait que Rebazar Tarzs est un
personnage fictif, et que ses détails
autobiographiques changeaient d'année en
année, avec la croissance d'Eckankar.
42. Cette "intégration" de la
culture et de la religion judaïque par l'Eglise
Catholique Romaine, peut aussi être opposée
à la "dissociation" faite par certaines
écoles Gnostiques du Deuxième Siècle
après J.C. L'Eglise a aussi essayé de
détruire certaines de ses propres racines
religieuses, y compris certains textes hautement
mystiques produits par des auteurs Gnostiques
"hérétiques".
43. Même si, au nom de Dieu,
l'Eglise a souvent persécuté ses
frères et surs de religion,
l'antisémitisme, bien qu'il soit maintenant
formellement rejeté, tire beaucoup de son
élan et de ses bases dans l'histoire, la
théologie et la tradition catholique.
44. Le Radhasoami Satsang de Beas a
même institué une "Mystics of the East
Series" - Série des Mystiques de l'Orient -
pour publier des monographies sur la vie des fameux Sants
de la tradition nirguna bhakti
médiévale.
45. Le secrétaire d'Eckankar a
diffusé une fois un mémo sur toute la
planète, affirmant que les travaux de Julian P.
Johnson (par lesquels Twitchell avait été
accusé de plagiat) n'étaient pas
protégés par le copyright. Ceci est bien
sûr faux, puisque tous les livres de Julian P.
Johnson étaient protégés par le
copyright, et qu'ils le sont toujours.
46. Y compris "The Flute of God",
qui avait été publié sous forme de
fascicules dans Orion Magazine, au milieu des
années 60.
47. En 1967, Twitchell a
déplacé son Quartier Général
opérationnel à Las Vegas, Nevada, pour
éviter une taxation trop lourde.
48. Voir SCP Journal--Eckankar: A Hard
Look At A New Religion(Berkeley, 1979).
49. La paranoïa de Twitchell
atteignit son pinacle lorsqu'il écrivit une lettre
personnelle à Kirpal Singh à la fin de
l'année 1971, dans laquelle il menaçait de
poursuites judiciaires le Maître du Ruhani Satsang
s'il continuait d'affirmer qu'Eckankar dérivait
des enseignements de Sant mat. Twitchell est mort d'une
crise cardiaque peu après que sa lettre soit
parvenue à Old Delhi, en Inde.
50. Voir mon article, "The Hierarchical
Structure of Religious Visions,"op. cit.
Note Finale: Cet article a été
présenté à une conférence de
l'American Academy of Religion - Régions
Occidentales, (Conférence de l'Académie
Américaine des Religions) de l'Université
de Stanford, le 26 Mars 1982.